GrandVoyageur.fr logo

De San Cristóbal à Antigua : passage de frontière épique

🇬🇹 La Mesilla, publié le

Vendredi 9 août 2013

Aujourd’hui, nous disons "au revoir" au Mexique et "bonjour" au Guatemala. Enfin, ça, c’est le plan. La vie de grand voyageur n’est pas toujours comme on voudrait qu’elle soit.

Depuis San Cristóbal de Las Casas où nous avons passé les derniers jours, nous voulons maintenant rejoindre Antigua, capitale culturelle du Guatemala. Cela se fait très facilement, de très nombreuses compagnies de vans touristiques offrent ce service à San Cristóbal.

Nous réservons à travers une agence juste à côté de l’hostel Rosco où nous séjournons (l’hostel propose aussi ce service mais l’agence avec laquelle ils traitent affiche complet). Le transport nous coûte 450 pesos par personne (26 €) pour couvrir les presque 500 km qui nous séparent de la capitale. Un van nous prendra entre 7 h et 7 h 30 devant l’hostel puis nous amènera jusqu’à la frontière où un deuxième van nous attendra de l’autre côté. Nous arriverons à Antigua vers 17-18 h. Tranquille.

6 h 30 ce matin là : on est debout. Je suis un peu de mauvaise humeur (z’avez-vu l’heure ???) mais ça va passer.

7 h 8 h : le van arrive (ah, les horaires latins) et on est parti.

10 h : on fait une première pause à Comitán, ville d’une centaine de milliers d’habitants dans le sud des Chiapas. On prend un gros double expresso et on avale un petit dej' sur le pouce.

Un distributeur de glaçons Titanic ? Ca aurait dû me mettre la puce à l'oreille que cette journée allait être un naufrage.
Un distributeur de glaçons Titanic ? Ca aurait dû me mettre la puce à l'oreille que cette journée allait être un naufrage.

En revenant au van, le chauffeur nous apprend qu’il vient de parler à son chef et qu’il y a des barrages au Guatemala, de l’autre côté de la frontière. On ne sait pas trop comment ni pourquoi les barrages sont là mais en tout cas, le van qui faisait le trajet inverse  pour venir nous chercher ne peut a priori pas passer. Le « chef » du conducteur lui conseille d’attendre à Comitán « 2 ou 3 heures » le temps qu’on y voit plus clair. Alors qu’il nous explique tout ça, la dizaine de touristes que nous sommes réagissons en mentionnant qu’il serait mieux d’aller à la frontière pour être prêt quand le van pourra passer. Le chauffeur nous explique qu’attendre à Comitán, c’est mieux, qu’il y fait plus frais et qu’il y a plus de cafés ou restaurants. Mais non, notre décision est prise, on préfère aller à la frontière. Le chauffeur rappelle « le chef » et nous sommes partis.

Midi : nous arrivons à la frontière côté Mexique. Nous devons passer par l’immigration mexicaine qui nous demande à chacun 296 pesos de taxe de sortie du territoire. 296 pesos pour un tampon alors que, je rappelle, le trajet tout entier en van nous coûte 450 pesos. L’encre est chère dans ce coin !! C’est d’ailleurs un peu la pagaille : pour J. et moi, l'agent nous prend nos pesos et tamponne nos passeports. Pour pas mal de nos camarades de voyage, on leur demande d’aller payer dans le bureau à côté et de revenir avec un papier officiel avant de tamponner leur passeport. Mais bon, on a notre tampon, c'est le principal.

Notre tampon avec le "S" de Salida (sortie).
Notre tampon avec le "S" de Salida (sortie).

Tout ce remue-ménage prend du temps. On patiente plus d’une heure à la frontière. Ca nous donne néanmoins le temps d’aller acheter quelques quesadillas au chimichurri qui nous feront le plus grand bien.

Puis nous remontons dans le van et faisons un petit kilomètre avant d’arriver à La Mesilla, le poste frontière du Guatemala. On descend avec nos bagages et nos passeports et on se présente à l’immigration qui prend nos passeports, les rentre dans l’ordi et y donne un coup de tampon. Nous sommes au Guatemala ! On n'a même pas vérifié nos bagages ni posé une quelconque question sur les motivations du voyage, c’est cadeau, vous êtes les bienvenus !

Le tampon du Guatemala, l'est beau.
Le tampon du Guatemala, l'est beau.

Une fois de l’autre côté de la frontière, comme prévu, le van devant nous amener à Antigua n’est pas là. Aux dernières nouvelles, il n’arrivera pas avant 18 h… Soit au moins 4 h à attendre.

Nous attendons.

D’ailleurs nous ne sommes pas seuls, un groupe arrivé avant nous attend déjà affalé sur l’unique banc du coin. Nous nous affalons sur nos sacs par terre.

Le poste frontière, fermé.
Le poste frontière, fermé.

Forcément, 4 heures à rien faire, on se met à prendre des photos stupides.
Forcément, 4 heures à rien faire, on se met à prendre des photos stupides.

T-Chat se fait un nouveau copain, Roberto Tortuga.
T-Chat se fait un nouveau copain, Roberto Tortuga.

18 h : toujours rien, forcément. Notre chauffeur qui, heureusement, ne s’est pas sauvé car il doit récupérer les touristes faisant le trajet dans le sens inverse, va aux nouvelles. Apparemment les barrages sont toujours en place et ne seront pas levés avant 21 h ou 22 h. Peut-être.

Nous patientons. C’est long.

19 h : non seulement il fait nuit noire, mais en plus il se met à pleuvoir des cordes (calibre super cargo panamax). Nous nous réfugions dans le poste de douane guatémaltèque. Nous croisons quelques aventuriers en sac à dos qui viennent du Guatemala. Ils ont dû faire quelques kilomètres à pied pour passer outre le barrage. Ils ont l’air un peu fatigués mais sont en forme.

20 h : il ne pleut plus mais l’endroit commence vraiment à devenir glauque. Des locaux pas nets (à minima bien alcoolisés, peut-être usant de substances diverses) tournent autour. Entre temps, on a appris que les barrages étaient dus à des groupes d’agriculteurs manifestant pendant la Journée des peuples autochtones, déclarée par l’ONU, pour revendiquer tout un tas de choses. Les rumeurs commencent à circuler. Certaines voitures sur la route auraient été mises à sac par les manifestants. Certains véhicules auraient même vu leur contenu jeté et brûlé. Rassurant ! Le chauffeur du groupe arrivé avant nous annonce à son groupe que l’autre van ne viendra pas. Il demande à tout le monde de retourner à son van, il rentre à San Cristóbal de las Casas car il est possible que le barrage dure plusieurs jours. Et il faut se dépêcher car la frontière côté Mexique ferme à 21 h. Tout le monde obtempère mis à part 2 belges qui décident de tenter leur chance en restant. Nous sommes bien tentés aussi de rentrer à San Cristóbal et de revoir notre plan de route (Playa del Carmen ?). Mais nous attendons de voir ce que propose notre chauffeur. Celui-ci, pendu au téléphone, a l’air tout aussi perdu que nous.

Nous ne savons toujours pas ce que nous allons faire, mais en tous cas, nous sommes prêts !
Nous ne savons toujours pas ce que nous allons faire, mais en tous cas, nous sommes prêts !

21 h : nous avons un plan de route. Le chauffeur a eu la confirmation que le van nous emmenant à Antigua nous prendra à la frontière à 5 h du matin. Entre temps nous devons rester dans un des hôtels à la frontière. C’est simple, il n’y en a que deux. Un glauque et un très glauque. Nous choisissons le glauque.

L'entrée de l'hôtel. Ca donne envie ! Non ? Ah bon.
L'entrée de l'hôtel. Ca donne envie ! Non ? Ah bon.

L’hôtel à l’intérieur est finalement pas mal. Pour 150 Quetzales pour deux (environs 14 €) nous avons une chambre double privative, plutôt propre, avec climatisation et salle de bains. Nous sommes un peu affamés et partons avec quelque compagnons d’infortune manger quelque chose. Il se remet à tomber des trombes mais nous sommes arrivés juste quand ça commençait à devenir vraiment méchant. La petite rigole devant le restaurant se transforme vite en torrent. Quelle belle journée ! On se rattrape sur la bouffe en prenant le plus gros plat du menu.

En effet, le plat le plus gros du menu est costaud. Et bon !
En effet, le plat le plus gros du menu est costaud. Et bon !

En revenant à l’hôtel, on apprend qu’en fait on ne partira pas à 5 h mais à 3 h. Ca fait mal, mais quelque part, c’est rassurant, cela veut dire qu’ils ne nous ont pas oubliés et qu’ils ont retenu où on était.

La nuit est courte.

3 h : on est prêt, et le van nous attend au pied de l'hôtel. Ouf ! Nous montons dedans. Nous avons tous des petits yeux, mais le sourire. C’était sans compter l’état du van. Les amortisseurs doivent être complètement morts car, à chaque micro bosse ou dos d’âne (et il y en a), le fond de caisse racle sur le sol. Et nous avons bien encore 6 à 7 h de route… Sur la route nous devons slalomer entre les rochers plus ou moins gros (certains bien maousses !) témoignant des barrages de la veille.

Après 15 minutes de trajet, nous nous arrêtons à une station essence… pour changer de van ! Heureusement, ce n’était qu’un van temporaire pour traverser la « zone à risque ». Notre nouveau van est de qualité correcte et ne racle même pas le sol à chaque bosse. Luxe.

Le voyage se poursuit et, entre deux siestes, nous admirons le paysage.

Au delà des fenêtres du van, un paysage un peu junglesque (junglifiant ?).
Au delà des fenêtres du van, un paysage un peu junglesque (junglifiant ?).

Heureux, qui comme nous avons passé la frontière du Guatemala.
Heureux, qui comme nous avons passé la frontière du Guatemala.

A Panajachel, au pied du lac Atilán et de ses volcans, nous changeons une dernière fois de Van et filons sur Antigua.

Le lac Atilán et ses volcans. C'est beau le Guatemala !
Le lac Atilán et ses volcans. C'est beau le Guatemala !

Le van file maintenant à bonne allure. Sur une route sans même trop de nids de poules.
Le van file maintenant à bonne allure. Sur une route sans même trop de nids de poules.

Fin de matinée : nous arrivons enfin à Antigua avec seulement 18 heures de retard!

Notre premier jour au Guatemala n’aura pas été vraiment celui que nous avions en tête ! Mais on l'a fait, c'est le principal.

Un article de Prensa Libre raconte ce qu'il s'est passé ce jour là (en espagnol 🇪🇸) .

Carte
A propos

Moi c'est Sylvestre, ou Sly. En 2013-2014 j'ai pris une année sabatique pour effectuer un tour du monde. Ces quelques pages racontent mes péripéties. Si vous voulez lire l'histore depuis le début, ça commence ici !

J'aime les voyages longs et lents. L'objectif de ce tour du monde était donc de ne pas prendre l'avion. Spoiler, j'ai lamentablement échoué ! Mais j'ai tout de même traversé la plupart des océans en cargo.

Ce site n'est plus régulièrement mis à jour, mais vous pouvez toujours me voir sauter aux quatre coins du monde sur Jumping Traveler ou me contacter sur twitter.